« On choisit pas ses parents, on choisit pas sa famille » – Maxime Le Forestier
On a pas tous la chance d’avoir des parents formidables. Mauvaise pioche pour Cécile Desprairies, les siens (sa mère surtout) sont plutôt du genre à admirer les chemises brunes et leurs théories racistes avec l’antisémitisme en bandoulière. Enfin ça, c’était au bon vieux temps de la guerre, l’après-guerre sera moins drôle pour ceux qui ont adhéré aux idées de l’occupant et ont profité des opportunités qu’il offrait.
La petite Cécile peine à comprendre les propos qu’échangent sa mère avec les autres femmes de la famille (tante, cousine, grand-mère). Rien n’est clair, il n’y a que des questions. Qui est Friedrich dont Lucie, sa mère, porte éternellement le deuil ? Pourquoi l’oncle Gabriel est-il infréquentable ? Pourquoi toutes ces allusions et ces chuchotements ?
Lentement, la petite fille devenue adulte, germaniste et historienne spécialiste de la période de l’Occupation va lever le voile sur les secrets de famille et découvrir le passé trouble de sa mère.
« Le but de Lucie et Friedrich , conforme à leurs convictions nazies, n’est pas de s’enrichir matériellement – l’argent, qui est un acte capitaliste, ne les intéresse pas – mais de faire en sorte que leur monde advienne. »
J’ai particulièrement aimé que le récit soit vu par la petite fille, puis la femme. Le lecteur fait avec la narratrice le chemin qui lui permet de comprendre peu à peu ce qui se joue dans cette famille très particulière. Ce témoignage n’est pas que l’histoire d’une famille c’est aussi celui d’une époque.
La Propagandiste est un livre éclairant sur ceux qui ont collaboré et gardé leurs convictions toute leur vie, convictions qui sont loin d’être enterrées…
Editions du Seuil – 2023 – 217 pages