Le ghetto intérieur de Santiago H. Amigorena

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Il n’était même pas sûr d’être en vie puisqu’il vivait comme un mort. – Albert Camus

C’est l’histoire de Vicente Rosenberg, juif polonais qui émigre en Argentine en 1928 et se marie en 1933. Il mène une vie heureuse et tranquille jusqu’à ce que la seconde guerre mondiale éclate et que les nouvelles de son pays natal deviennent inquiétantes.

Vicente comprend mal ce qui se joue dans le ghetto de Varsovie où est enfermée sa mère. Comment le pourrait-il d’ailleurs ? Comment lui, à des milliers de kilomètres de la Pologne, avec les moyens d’information de l’époque, pourrait-il percevoir ce que d’autres en Europe n’ont pas compris ou pas voulu voir.

Mais à travers les rares courriers qu’il reçoit et les bribes de nouvelles qu’il lit dans les journaux, il comprend. Il comprend que sa mère ne sortira as vivante du ghetto, il comprend qu’il ne peut pas l’aider. Alors arrive la culpabilité car Vicente se sent coupable de ne pas être allé la chercher en Pologne quand c’était encore possible, coupable de mener une vie normale quand sa mère crie sa faim, coupable d’être vivant alors qu’il pressant qu’elle va mourir. Alors pour se rapprocher d’elle, il va lui aussi vivre dans le ghetto, le ghetto intérieur, celui dont on ne s’évade jamais.

C’est l’histoire du grand-père de l’auteur, qui de jeune homme élégant, fringuant et plein de vie deviendra un homme mutique, étranger à lui-même.

Le ghetto intérieur est un livre écrit sans pathos ce qui n’empêche nullement d’être touché au coeur. Une histoire simple, celle de milliers de descendants de victimes de la Shoah qui ont dû se débrouiller entre culpabilité du survivant et envie de vivre malgré tout..

Editions P.O.L – 2019 – 191 pages

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