« L’employeur met son argent dans les affaires et l’ouvrier y met sa vie » – Clarence Darrow Avocat américain
C’est la grève dans la petite scierie familiale de Roberval. Les ouvriers en ont marre de tirer le diable par la queue, de travailler dans des conditions dures. Alors c’est dit, ils ont décidé de « piqueter »*.
Cette scierie est un petit concentré de la société québécoise : le jeune patron qui se demande comment il va pouvoir tirer profit de la situation et les ouvriers, qui sont très loin de l’idée parfois romantique que l’on peut se faire de la classe ouvrière et de ses idéaux : la solidarité, l’envie d’être ensemble et de lutter ensemble. Dans le groupe des ouvriers, loin d’être homogène, on trouve celle qui défend la cause des femmes et lutte pour la parité, celui qui n’est pas vraiment solidaire mais préfère faire comme les autres pour ne pas se démarquer, celui qui croit vraiment à la cause…
« Notre grève devrait inspirer chaque citoyen de Roberval qui se fait faire l’amour par derrière sans consentement par le patronat. »
Et au milieu de tout cela, il y a Querelle que les autres ne savent pas dans quelle case mettre. Il est de Montréal mais ses grand-parents sont de Roberval, il est ouvertement homosexuel mais viril. Querelle intrigue autant qu’il suscite le désir chez tous les jeunes gays des environs car Querelle est une sorte de Dieu du sexe. D’ailleurs, les descriptions des scènes de sexe dont Querelle est le héros sont très crues, les « âmes sensibles » sont averties…
Et puis un événement va faire que la solidarité des ouvriers va brusquement craquer et provoquer un drame qui fera sombrer Querelle et les autres dans une sorte d’abîme.
Kevin Lambert (auteur et libraire) fait un portrait cruel de la classe ouvrière qui une fois encore ne gagnera pas le combat contre un patronat sûr de son droit qui veut bien créer de la richesse mais pour lui seul.
*tenir le piquet de grève
Editions du Nouvel Attila – 2019